Les grands plaisirs des français et des anglais
Philippe VI pouvait s'étonner et s'indigner de voir brûler les saints lieux. Ignorait-il toutefois que Philippe le Bel avait fourni ce lamentable exemple à son petit-fils, Édouard III, lequel avait pu, en Flandre, recevoir certains témoignages de la guerre menée « à la française » ? En effet, en juin 1302, le Roi de Fer avait ordonné à Robert d'Artois de « subjuguer et de réduire les Flandres par la destruction ».
Dans ses Chroniques des Flandres (Imprimerie Félix de Pachtere, Bruges, 1834) Joseph-Octave Delepierre remarque :
« La colère du roi contre les Flamands comportait avec elle tant d'ironie, qu'il avait fait peindre sur les étendards de son armée un balai enflammé. Depuis Douai jusqu'à Lille, les Français ne laissèrent ni arbres ni maisons ni châteaux ni églises debout. L'incendie exerçait partout ses ravages : hommes, femmes, enfants étaient mis à mort. Les monastères surtout éprouvèrent la rage de l'ennemi : les moines furent tués, les religieuses violemment outragées et la profanation des choses saintes portée aux derniers excès. Afin d'imiter le signe peint sur leurs enseignes, les soldats, dit Meyer, attachaient des balais brûlants à leurs piques et couraient par les campagnes anéantir les moissons. »
Le grand plaisir des Français était de trancher les pieds des enfants.
En 1338, Édouard III traversant le Hainaut, se dirigeant vers Cambrai et allant même « jusqu'à Crécy près de Laudun » et de Saint-Quentin, ajouta à ces divertissements guerriers, la coupe des mains et l'essorillement. Joseph-Octave Delepierre écrit :
« Et à chacun de ces actes barbares, ils disaient (les soldats d'Édouard) : On verra bien que le roi d'Angleterre est passé par ici. »
Si la haine des Anglais s'exerça tout particulièrement contre les maisons, les monuments et la population de Caen, c'est qu'ils avaient trouvé, dans leur pillage, un exemplaire de la Convention du 23 mars 1339, stipulée entre le roi de France et les seigneurs normands, concernant la conquête de l'Angleterre.